mercredi 14 juillet 2010

Le poète aime les tunes !


On pourra pas dire que je suis esclave de l'internet et des blogs qui y pullulent... Ce serait même plutôt l'inverse. Mais bon, je me faisais royalement chier l'autre jour et cliquant sur le lien qui m'emmène de temps en temps sur Le Cénotaphe je me suis dit que ce serait bien d'y mettre d'autres textes qu'après tout je ne renie pas trop.
Voici donc
Heures infinies un titre bien bien pourri pour un texte qui a son histoire. Son écriture fut assez rapide, en fac bien entendu. Je voulais relater la solitude du poète et sa démarche créatrice. Bon, il est de facture assez simpliste : une seule rime par strophe. En fait, je voulais dès l'origine écrire une sorte de chanson : je suis fasciné par ceux qui écrivent des chansons, leur capacité à sortir d'une métrique unique dans le texte, la capacité à composer des textes qui puissent laisser une place récurrente à un refrain. Je suis moins admiratif de la mise en musique des textes ; il suffit de réécrire même mentalement certaines chansons pour s'apercevoir que plaquer un texte sur une musique ou l'inverse n'est pas si compliqué. En revanche, écrire un texte avec une respiration chansonnesque, ça ça m'épate.
En règle générale, j'aime dans les chansons décortiquer la façon dont elles sont construites. Et parmi les bâtisseurs, j'admire particulièrement la technique sûre de
Brassens, de Nougaro (alors que ces chansons m'agacent la plupart du temps, je reconnais qu'elles sont très très bien construites)... Renaud aussi (au moins dans sa période "chanteur énervant") savait faire une chanson. Bref, ça devait être une chanson, mais comme je ne sais pas faire... c'est resté un petit poème. Toutefois, je reconnais à ce texte au moins deux ou trois petites choses intéressantes. Au-delà de l'exercice d'une rime par strophe, on reste dans l'alexandrin classique. Je suis satisfait de quelques images créées par le texte : cette idée de la strophe 2 où les nuages sont les subterfuges pour évoquer les couleurs et les dessins sur la surface de la mer ; on le comprend notamment quand je dis que le vent "modelait" ces paysages. Bref, en sorte de peintre de marine, je voulais évoquer les jeux de lumière entre cieux, nuées et flots. Je pense avoir réussi au moins cela... J'avais dans mes souvenirs, l'image d'une arrivée au port d'un grand voilier, dans un ciel flamboyant. Je n'ai pas retrouvé cette image, mais ça ressemblait vaguement à ça :






Je voulais mettre ce texte sur le
Cénotaphe pour une autre raison : quand je l'ai écrit, le mot "tune" était donné avec deux acceptions courantes ; l'une évoquant l'argent en langage vulgaire, l'autre donné pour synonyme à "tunage", sorte de digue en tressage de branches... Or, cette dernière acception a depuis disparu des dictionnaires courants : je ne l'ai plus retrouvée que dans le Littré, réputé comme gardien d'un langage hors d'âge... Pire, le mot "tunage" n'est plus désormais associé qu'au "tuning" ! En gros, si je ne ma magne pas de faire exister ce texte maintenant, dans quelques mois il ne sera plus qu'une curiosité faisant rimer "dune" avec la bagnole maquillée du voisin... Consternant !
Une fois ce texte écrit, je l'avais fait lire à ma sœur et nous nous étions mis à le chanter sur l'air de je ne sais plus quelle chanson de
Renaud ; une chanson lente et sur laquelle on aurait pu chanter n'importe lesquelles des alexandrins ; mais enfin, il y avait dans cette initiative comme une sorte de retour aux sources du texte, puisque précisément il devait à l'origine être une chanson.
J'aime assez ce texte, même s'il commence assez mal : "j'eus" c'est assez moche ! L'entame est donc ratée ; le reste est efficace à mon sens, mais sans génie réel. La reproduction ci contre est issus du
Renégat N°4 ; le dessin est de Milka Poser.