jeudi 17 février 2011

Un archet sur mes veines


Ce texte date de quelques semaines ; il fut finalisé en décembre 2010 ; c'est donc le premier que j'écris depuis deux ou trois ans au moins.
J'avais dans un coin de ma caboche et de mon bureau, une succession de mots lourds, que je me proposais de faire rimer un de ces jours. Des "citadelle" et des "sortilège" dont je me disais qu'ils seraient de bons passeports. Et puis d'un coup d'un seul, une sorte de révélation. J'avais écrit pour faire rigoler autour de moi en juin 2005 ou 2006, un sonnet bête et prétentieux, mais qui avait commen
cé sur l'idée de violoncelle et d'archet. Pourquoi ne pas rassembler ces bribes pour aboutir à quelque chose de mieux fini ?
En vérité la rédaction fut laborieuse. Je pense que j'ai péché par ambition : je voulais quelque chose avec des tas de sens cachés et finalement je pense que j'ai commis quelque chose de carrément ésotérique. En fait, je pense que le thème était déjà épuisé. D'ailleurs, on retrouve ici des références déjà existantes dans les textes précédents : ventre, hanche etc... Et puis, mon "alors que sous mes doigts les cordes musicales / soient tes hanches creuisées au souffle de tes râles" avaient déjà tout dit dans le texte d'avant...
Bref, une sorte de resucée pas très digeste... Il existe une variante de ce texte : j'avais rajouté deux vers à la fin pour passer de 4 à 6 vers. Le dernier quatrain devenait ainsi deux tercets, et l'ensemble se transformait en sonnet. Artifice un peu maladroit, mais les deux vers en question m'étaient flatteurs : "Dans ce lit défendu où j'ai toujours dit vous / Nous étions clandestins que le "tu" désavoue".
J'aimais cette idée de vouvoiement qui demeure malgré le tutoiement des coprs. La rime en "ou" aussi, j'aimais bien ! Sheller s'en sert très bien dans des miroirs dans la boue et je trouvais que cela donnait au texte une douceur et une mollesse ("smooth !") très palpable. L'idée de l'amour clandestin aussi, me plaisait bien : un cliché, mais qui en vaut un autre. L'idée qu'une femme pouvait rester "vous" malgré tout, marque de respect mais aussi de distance, comme une sorte de personnage détaché de la scène, comme une inconnue qui passe en fait. Plus cliché que ça, tu meurs ! Je ne sauve pas grand chose de ce texte, sinon l'excitation de la création.



Pour le second, c'est un peu mieux.
J'ai donné dans la rime unique, comme cela m'avait réussi dans "la Mante".Mais je ne suis pas certain d'avoir atteint le sommet de naguère. Pour, rimer en "ule" je reconnais que c'est tellement osé que c'est presque... ridicule !Cette fois, c'est un vrai sonnet : 4+4+3+3.Je l'ai construit sur une double dynamique : la rime unique en "ule" et l'alternance de "pour" et de "contre". Confirmation de ce qui s'est révélé dans "Violoncelle" : quand c'est trop ambitieux, ça ne marche pas vraiment. Obsédante, une image me revenait pendant toute la rédaction du texte : la Maja desnuda de Goya. Et même pour être précis, juste le haut du corps, la tête les épaules et les mains sous la nuque.
Je ne sauve qu'un vers : "contre un peu d'évidence entre nos particules". Le reste, ma foi, me paraît bien poussif.
Mais enfin, "la bascule" aura eu un mérite inattendu : celui de m'inciter à aller voir comment j'écrivais avant ! C'est à dire avant de donner dans le compliqué. Eh bien, je fus heureusement surpris ! J'avais dans mes compositions adolescentes en vers moches une spontanéité bien supérieur, et qui donnait des phrase moins élaborées mais bien plus souples, bien mieux construites. Et puis, surtout, j'étais moins monomaniaque : là, franchement, c'est le quatrième sur le même thème... Je voudrais aussi passer à un autre type de construction, laissant moins de place aux adjectifs, et plus aux conjonctions, sinon aux conjonctures !
Quelque chose aussi de moins contemplatif, de plus narratif, de moins lourdement suggestif aussi.