mercredi 24 juin 2009

Au commencement était le vent


JE COMMENCE par mon tout premier texte poétique ou considéré comme tel ; j'avais quelque chose comme pas tout à fait 8 ans.
Ce texte a une petite histoire : c'était en classe de CE1, un jour chaud et pluvieux ; j'étais assez turbulent ce jour-là, si bien que mon institutrice d'alors après m'avoir repris deux ou trois fois, me signala que je serais puni ; et comme punition, elle frappait là où c'était pour moi le plus douloureux : interdiction de participer à la "rédaction", ce moment un peu récréatif où nous devions produire une histoire de notre cru. Une heure plus tard, vint le moment de la "rédaction" en question ; bien que sachant parfaitement qu'il m'était interdit d'écrire, je produisis quand même ce texte, tablant sur le fait que Mlle Philippe aurait "oublié" son arrêt d'exclusion... Arrivé à son bureau où se pressaient les enfants au rythme de leur production, je lui glissai mon texte sous le nez ; j'ai encore dans l'oreille sa longue exclamation "oooooh !" que je pris d'emblée pour une réprobation devant mon audace puisque je n'avais pas obéi à l'interdiction qui m'était faite ; je m'attendais donc à me faire copieusement sermonner et commençai à trembler. Il s'avéra en définitive que ce "oooooh" qui m'avait glacé le sang était laudatif. Elle avait bien "oublié" ma punition (ou avait choisi le l'oublier...).
Ce petit texte sans intérêt fut ma première petite fierté ; il resta longtemps écrit de ma main et punaisé dans le bureau de ma mère ; j'en ai retrouvé voici peu cette copie émouvante, de la main de ma grand-mère ; le dessin famélique et la signature maladroite sont de ma main...
A y bien réfléchir, ce texte naïf n'est-il pas la marque précoce d'une maladie mentale qui depuis ne laisse plus de doute à personne ?